Acte 1 - théatre contemporain - pièce disponible theatre

théatre contemporain pièce politique inspirée par jacques et bernadette chirac 1994

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Monsieur le maire, sa femme et les élections présidentielles

Sa succession n'est pas abordée ! NICOLAS SARKOZY ou Ségolène Royal ? On le sait désormais...


Acte 1

Le salon bourgeois, vaste, kitsch, dans les appartements privés de monsieur le maire.

Jacques, en peignoir, de dos, arrose un carré d’herbe dans un aquarium, avec une bouteille de champagne.
Entre Bernadette, allure se voulant très distinguée, tenue mondaine.

Bernadette : - Jacques, mon ami, voyons.
Jacques (bien éméché, se retournant) : - Ah !, vous, très chère épouse (en souriant :) quelle agréable surprise.
Bernadette : - Jacques, du Don Pérignon !
Jacques : - C’est pour la pelouse.
Bernadette : - Jacques, voyons, pas avec du Don Pérignon.
Jacques : - Puisque vous n’en prenez pas, pourquoi ne pas en faire profiter cette magnifique pelouse.
Bernadette : - Vous m’expliquerez, un jour, pourquoi vous accordez une telle attention à ces quelques brindilles.
Jacques : - Mais je vous l’ai déjà confié, très chère épouse, ce gazon, c’est mes sondages à moi. Il est vert, donc tout va bien, les sondages vont suivre ! les français reverdissent quand on les arrose.
Bernadette : - Jacques, arrêtez de vous torturer, c’est fini. C’est fini, Jacques, nos rêves.
Jacques se retourne vers l’herbe et verse le reste de la bouteille de champagne.
Bernadette : - Mais ne gâchez pas ainsi le Don Pérignon !
Jacques : - C’est la troisième bouteille, et à dix heures, réunion.
Bernadette : - Jacques, la cassette de la mairie n’est pas extensible à l’infini. Il serait préférable d’éviter d’ouvrir chaque matin une troisième bouteille de Don Pérignon.
Jacques : - Et mes plantations ! Je vous rappelle avoir déjà arrêté la cigarette !
Bernadette didactique : - Le temps des économies est venu Jacques, vous le savez bien. Remplacer trois paquets de cigarettes par trois bouteilles de Don Pérignon, Jacques, vous exagérez.
Jacques se retourne et mouline les bras (avec sa bouteille de Don Pérignon dans la main droite).

Bernadette : - Envoyez plutôt une caisse chaque semaine dans notre grotte ! Il est temps de prévoir toutes les hypothèses.
Jacques : - Vous me voyez vivre comme un fuyard !
Bernadette : - La France est tellement surprenante... Et souvenez-vous, Jacques, le matin où vous m’aviez murmuré en souriant (elle sourit à cette évocation)
Jacques de nouveau mouline des bras.
Bernadette : - Vous m’aviez murmuré en souriant, comme vous murmuriez alors parfois : si nous passons une bouteille de Don Pérignon en note de frais chaque matin, je serai le plus heureux des hommes.
Jacques se retourne : - Chère épouse, j’étais jeune, vous étiez jeune, nous étions jeunes, je ne me rendais pas compte combien les gens peuvent être couillons, et combien le budget municipal permet amplement plus...
D’ailleurs il va falloir se servir un bon coup... tout peut arriver dans ce pays !... Nous sommes d’accord sur ce sujet. C’est pas un carton que je vais envoyer mais un fourgon !... Après les socialistes, pourquoi pas la réincarnation d’un Bourbon ! Après tout, cette ville me doit tout ! Et je vais me faire construire un abri anti atomique !
Bernadette : - Pas en Corrèze quand même ! Cela ne serait pas discret !
Jacques : - On leur dira que monsieur le maire pratique des fouilles archéologiques, et les rumeurs feront pschiiit...
Bernadette (sans transition) : - Georges nous vole, j’en suis certaine.
Jacques : - Chère épouse, arrêtez de l’appeler Georges, il va finir par nous quitter, lui aussi !
Bernadette : - N’allez pas dire que vous vous souciez du visage de ces gens.
Jacques : - Mais Georges, qui accepterait qu’on l’appelle Georges !
Bernadette : - Vous savez bien, cher Jacques, que chez père, ils s’appelaient tous Georges, les... boys.
Jacques sourit à ce « boys ».
Jacques : - Je n’ai jamais eu à me plaindre de lui ! L’homme le plus discret que je connaisse.
Bernadette : - Georges nous vole. Je prends 4000 francs chaque matin, j’en mets deux au coffre et il ne nous ramène que de la menue monnaie. 2000 francs de dépenses, à qui le ferait-on croire !
Jacques durant cette explication gonfle les joues d’un air « elle me barbe ».
Jacques : - Vous n’allez quand même pas me reprocher ce plaisir, le Don Pérignon et les pommes sont des bienfaits de la nature comme dirait votre ami l’écolo. Je ne vais quand même pas prendre de la bière au petit-déjeuner ! Du lait au chocolat tant que vous y êtes ! Ou du thé comme ce traître de... de qui vous savez !
Bernadette : - Vous savez bien que le Don Pérignon n’entre pas dans ses attributions, qu’il passe au budget réceptions de la mairie... vous voyez Georges sortir chaque matin de chez Fochon avec trois bouteilles de Don Pérignon... Jacques, quand vous êtes saoul vous avez décidément de l’inspiration.
Jacques : - Vos rimes sont vraiment délicieuses, très chère épouse, vous devriez publier un recueil de poésie.
Bernadette rougit (prenant au sérieux cette « boutade ») : - Ah Jacques, ça fait si longtemps que vous ne m’aviez fait un tel compliment... Mais Georges nous vole.
Jacques : - Oh madame ! Ne recommencez pas ! Il faut bien accepter quelques pertes ! On ne va quand même pas lui demander de ramener des tickets de caisse alors qu’Antoine fait preuve d’une inspiration débordante pour nous sortir chaque semaine des fausses factures ! Tout le monde nous vole. Tout le monde vole dans ce pays. C’est le drame des valises.
Y’a toujours quelqu’un pour les ouvrir au passage et prendre sa petite commission. Alors pour quelques pièces, vous n’allez pas me les...
Bernadette couvre sa voix : - Jacques, utilisez des images convenables !...
Jacques : - Vous n’allez quand même pas vous mettre à compter les pièces jaunes.
Bernadette excédée par cette remarque, lâche : - Ce n’est pas la boîte qu’il vous remet chaque matin qui fait le compte.
Jacques, secoué, assommé, se retourne vers sa pelouse et verse... mais sa bouteille est vide. Il la pose finalement par terre.

Bernadette : - Je suis une vieille femme qui souffre, Jacques ! Vous me croyez la plus résistante... mais votre conduite... je me sens trahi.... Il fallait qu’un jour je vous en parle.
Jacques en se retournant, très cassant : - Mais vous espionnez monsieur le maire, madame, et vos conclusions, je suis au regret de vous le déclarer, sont fausses. Sachez, chère épouse, que monsieur le maire a des obligations professionnelles !
Bernadette : - Il va vous falloir choisir un jour entre elle et moi.
Jacques en souriant : - A notre âge, chère épouse, vous n’allez quand même prêter oreille à des... rumeurs.
Bernadette : - Pas ce mot dans votre bouche, Jacques. Vous savez combien un tel mot, avec tout ce qu’il implique, peut me faire souffrir quand il sort de votre bouche. Que Georges nous vole, certes, je suis habituée, tous les Georges sont des voleurs.
Jacques : - Chère épouse, comme en politique, méfiez-vous des généralisations. Tous les italiens sont. Tous les espagnols sont. Tous les corses sont. Et notre majordome ne s’appelle pas Georges.
Bernadette : - Majordome, majordome... ni major ni homme (très satisfaite). Et qu’en plus, il vous remette chaque matin votre boîte de 24 derrière mon dos, ce n’est pas convenable... Mais Jacques, qu’en faites-vous, 24, vous n’êtes quand même pas spiderman.
Jacques : - Mais c’est une fixation madame, mais vous devenez psycho-frigide... Psycho-rigide ! Vous connaissez mes obliga-tions et ma générosité. Peut-être qu’un matin vous avez vu Bernard me remettre une boîte de préservatifs, appelez les choses par leur nom.
Bernadette a une grimace de dégoût.
Jacques très maire en discours : - Mais sachez, madame la première dame de cette honorable et millénaire cité, qu’offrir des condoms à un client, c’est aujourd’hui le cadeau le plus apprécié.
Bernadette durant sa respiration : - N’exagérez pas, monsieur.
Jacques (comme s’il n’y avait pas eu d’interruption) : - Il comprend que monsieur le maire est favorable à une collabora-tion, qu’il peut tutoyer les secrétaires, qu’il lui suffit de prendre rendez-vous avec Antoine pour les modalités pratiques, surfacturations, commissions, diamants (souriant :) non, jamais de diamants ! Tout le monde sait que ce ne serait pas... comment dites-vous ?... oui convenable ! Votre harcèlement moral me fait fourcher la langue, madame ! Même ici, un jour il me faudra un prompteur !
Bernadette : - Soyez raisonnable, Jacques. Vous n’allez quand même pas me faire croire que ces choses ne sont pas pour votre consommation personnelle.
Jacques : - Pour votre information... ces choses... ne se mangent pas !
Jacques s’avance, il titube.

Bernadette : - Mais vous êtes saoul, mon ami.
Jacques sourit : - Une douche, et hop !
Bernadette : - Et hop, prenez garde. N’oubliez pas vos... vos... machins.
Jacques : - Que croyez-vous, chère épouse, et hop, c’est le contrat sera signé ce matin ; et ce soir vous verrez la valise, et on fête ça (un pas de danse).
Bernadette : - On... vous voulez dire, vous et... et ces secrétaires.
Jacques : - Chère épouse, pas d’insulte, secrétaires, oh !, je ne suis pas un vulgaire patron d’industrie en goguette.
Bernadette de haut : - Vous savez bien que secrétaire et une rime de roturière.
Jacques qui regarde sa montre : - Bon, bon, je vous souhaite une agréable journée, chère épouse. Et saluez bien ces dames de vos oeuvres. Embrassez tendrement la gamine... il va falloir qu’elle se lève à une heure... oui convenable... si elle veut que je l’emmène sur les routes...
Il sort en envoyant un baiser très théâtral.

Scène 2

Bernadette s’affaisse dans le canapé et murmure : - Il me trompe, il m’a toujours trompé, il me trompera toujours, et en plus, il ne sera jamais président de la République. Je ne serai jamais madame la première dame de France.
Elle se prend la tête dans les mains. Puis se redresse : - Je n’aurais quand même pas pu épouser un socialiste. Quelle horreur, moi, maquillée en socialiste ! Non, je n’aurais jamais tenu... Edouard, Edouard, Edouard... oui, bien sûr... mais qui aurait pu croire. Edouard, croire. Y croire avec Edouard. Quel beau slogan je lui aurais écrit. Jacques... Jacques tête à claques. Prendre une claque avec Jacques.
J’aurais dû m’en douter ! Que peut-on espérer quand on s’appelle Jacques ? Tous les Jacques sont des... (elle cherche une rime... ) c’est plus facile de rimer « si elle veut que l’emmène sur les routes »... pauvre enfant !... avec son père en déroute.... (elle sourit)... mais c’est un alexandrin ! (elle compte sur ses doigts... elle compte sur ses doigts deux fois jusqu’à dix et s’exclame :) un double alexandrin !
Une alexandrine !
Elle prend un journal, l’ouvre, feuillette. Se prend la tête dans les mains.

Bernadette : - 62% d’opinions favorables ! Le scélérat ! L’usurpateur ! Le menteur ! Le traître ! Le voleur ! L’hypnotiseur !
Elle se cache le visage avec le journal.

Bernadette murmure : - Il me trompe. Il me trompe. Mais bon, plutôt ça que le suicide ! Il ne s’en remettra jamais mon Jacques. « Bonsoir, monsieur le maire », je le hais, cet Edouard. Edouard cafard. Et si on imprimait des autocollants Edouard Cafard. Tous les enfants répéteraient Edouard cafard, il chute dans les sondages... mais non, ça ne servirait à rien, le pays ne croit plus en Jacques...
Jacques ne croit plus en lui... je ne crois plus en Jacques... Jacques ne m’a jamais écouté... tout le monde nous a lâchés, même ce scélérat de petit Nicolas... même Charles... non, je n’irai pas aux oeuvres... Bernadette est fatiguée...

Bernadette se redresse et crie : - Georges !
Entre Georges : - Madame m’a demandé.
Bernadette : - Don Pérignon.
Georges : - Bien madame.
Georges va vers la pelouse et ramasse la bouteille.
Bernadette : - Non Georges, servez. Servez-moi une bouteille de Don Pérignon.
Georges : - Oh madame !... excusez-moi, madame... c’est sorti tout seul.
Bernadette : - Je sais Georges, vous prenez à mon égard de grandes libertés.
Georges : - Madame.
Bernadette : - Veuillez me servir avant que j’achève mes récriminations. Sur votre exclamation, je n’y reviendrai plus, la considérant comme une référence à ma légendaire sobriété.
Georges : - C’est exactement ça, madame.
Bernadette : - Madame attend.
Georges sort et revient presque immédiatement avec une bouteille et une coupe sur un plateau. En silence, il ouvre la bouteille, verse une coupe et sert.

Bernadette avant de boire : - J’ai d’ailleurs évoqué ce matin avec monsieur le maire la boîte que chaque matin vous lui remettez.
Georges gêné. Bernadette boit une gorgée (ne peut retenir une grimace).
Bernadette : - Il faudrait couper cela avec un peu d’eau... ou de la crème de cassis comme faisait mère (elle se signe).
Bernadette à Georges : - Vous ne niez pas, j’espère.
Georges : - Je suis au service de monsieur le maire et de son épouse.
Bernadette : - Mais sachez, Georges, que monsieur le maire n’hésiterait pas si je lui demandais de choisir entre moi et vous.
Georges : - Oh madame ! Je vous jure, monsieur le maire est pour moi comme le grand frère que j’aurais tant voulu avoir !
Bernadette : - Ne faites pas votre Antoine !
Georges : - Je vous jure madame, il ne s’est jamais rien passé entre monsieur le maire et moi, je suis 100% hétérosexuel et je n’ai aucun doute sur monsieur le maire de même.
Bernadette : - Quels termes de barbare osez-vous prononcer devant moi. Mais vous avez bu, Georges !
Georges : - Oh non madame, jamais durant le service madame (comme malgré lui, Georges jette un oeil sur la pelouse).
Bernadette sourit : - Je crois, Georges... malgré votre caractère, nous pouvons nous entendre.
Georges : - Madame.
Bernadette : - Au moins sur un point.
Georges : - Je suis au service de madame.
Bernadette : - Depuis que monsieur le maire s’obstine à utiliser le reste du Don Pérignon comme engrais, je sais qu’il vous prive ainsi de ce noble breuvage.
Georges : - Oh madame.
Bernadette : - Ne niez pas. Si vous commencez à me contredire, nous ne nous entendrons jamais.
Georges acquiesce de la tête.
Bernadette : - Donc, vous avez une raison de maudire ce gazon... et vous n’êtes pas sans ignorer le motif de ma profonde absence de sympathie pour ces brindilles.
Georges fait mine de ne pas comprendre.
Bernadette boit une nouvelle gorgée. Elle toussote.

Bernadette : - Quinze jours qu’il a tourné autour de cette... cette secrétaire, avant ce voyage d’affaires. Ah il est revenu guilleret. Vous voyez, j’ai mes informateurs. (plus haut :) Je sais tout.
Georges pousse un « oh » très caricatural et de manière très caricaturale se cache les yeux.

Bernadette : - Vous auriez pu faire acteur !
Georges sourit : - Trois ans de conservatoire. Mais je n’avais pas le physique. J’ai bien joué quelques petits rôles. Mais toujours on me disait, vous n’avez pas le physique. J’y ai pourtant cru, quand j’ai joué avec Louis De Funès. Malheureusement la scène a été coupée au montage. Aujourd’hui je serais Delon, Belmondo, ou même Depardieu.
Bernadette : - Bref. Je vous fais remarquer que vous n’êtes pas chez le coiffeur, Georges !
Georges la regarde : - Madame... je vous avoue ne pas comprendre votre remarque.
Bernadette : - Vous être vraiment fermé à la poésie... Bref... conservez pour votre coiffeur la nostalgie de vos tentatives artistiques.
Georges : - C’est ma femme qui me coupe les cheveux.
Bernadette : - Je veux bien être patiente mais nous ne nous en sortirons jamais si vous continuez à me répondre des incohérences. Bref, nous avons chacun notre raison de maudire ce gazon. Donc, croyez bien que je ne verrais aucun inconvénient à une subite maladie fatale de ce gazon.
Georges : - Du Roundup ?
Bernadette : - Je vous rappelle que suis une femme, j’ignore donc les termes techniques du jardinage. Mais vous m’avez compris.
Georges : - Monsieur le maire va avoir du chagrin.
Bernadette : - Ne vous inquiétez pas, ce genre de chagrin ne dure jamais bien longtemps. Elle reviendra d’Espagne qu’il ne se souviendra même plus de son prénom. Vous voyez, je connais même son emploi du temps, à cette raison, cette Christine. Je sais même son nom, son âge, la fortune de son père, tout quoi ! Qu’elle ne se fasse aucune illusion : elle ne fera pas exception.
Georges : - Mais si monsieur le maire a des soupçons.
Bernadette : - Ne vous inquiétez pas, je saurai le culpabiliser sur l’utilisation du Don Pérignon.
Georges : - Mais le Roundup coûte cher.
Bernadette : - Georges, n’exagérez pas, je ne surveille pas vos dépenses, il doit bien vous rester quelques petits billets. Puisque vous ne me rendez que les pièces... jaunes.
Georges : - Oh madame.
Bernadette : - Disons que le « Roundup » va clore ce chapitre de la monnaie.
Georges : - Mais demain est jour de réception. Et pour acheter du Roundup, il me faut me rendre dans une jardinerie où personne ne me connaît. Et si vous me remettiez immédiatement la somme, je pourrais y passer dans la matinée... et j’aurais moins d’état d’âme à faire ainsi de la peine à monsieur.
Bernadette : - Soit ! Pour que disparaisse ce gazon, je donnerais bien...
Elle sort de sa poche une liasse de billets.

Bernadette : - Il faut combien.
Georges : - Euh... tous frais compris...
Bernadette : - Comment ?... tous frais compris ?!
Georges : - Il faudra sûrement acheter un diluant car je suppose que vous souhaitez une action rapide, et aussi des gants spéciaux, car ce produit est dangereux, des gants ignignufugés (il cherche d’autres frais)... des lunettes de protection, un réservoir pour jeter le produit inutilisé, une pipette pour le transvaser, un désodorisant, car toute odeur pourrait inciter monsieur le maire à réclamer une... une autopsie, une clé de 17 pour régler la pression, une meuleuse...
Bernadette : - Les détails m’importent peu. C’est comme en politique, on ne retient que le résultat. Combien donc ?
Georges : - Au minimum cinq... pour ne pas risquer que je revienne les mains vides, six serait plus sûr. Quant au supplément, je le considérerai comme... un signe d’estime.
Bernadette : - D’estime, n’exagérez pas.
Georges : - Le mot m’a échappé. Que madame m’excuse.

Bernadette lui donne cinq billets. Georges attendant toujours, elle lui en donne finalement un sixième. Il sort. Elle s’aère avec la liasse de billets. Sourit. La remet dans sa poche et reprend sa coupe.
Claude entre alors qu’elle la porte à ses lèvres.

Claude : - Alors maman, tu te mets au noble breuvage !
Bernadette d’abord troublée puis reprenant sa posture : - Ma fille... sache qu’il est important, en société, de pouvoir commenter. Je reniflais donc les arômes.
Claude fait un bisou à sa mère.

Claude : - Que se passe-t-il ? Papa a été appelé en urgence ?
Bernadette : - Nullement, ma chère fille. Que te fait-il penser ainsi ?
Claude : - Partir avec une bouteille où il ne manque qu’une coupe, ça ne lui ressemble pas.
Bernadette : - Sache que notre fidèle ami Jean-Pierre doit passer. Et je compte le recevoir dignement.
Claude : - Un conseiller régional !
Bernadette : - Président du conseil régional. Et sénateur. Sa positive attitude mériterait une plus vaste couverture. Et ma fille... nous ne savons pas ce que demain sera fait. Il nous faudra peut-être nous retrancher dans une région sauvage.
Claude : - N’exagère pas maman ! Dans tous les cas, nous aurons largement les moyens de vivre de nos rentes ici !
Bernadette : - Ma fille... un souverain ne peut devenir un simple citoyen. C’est le pouvoir ou l’exil !
Claude : - Mais je ne suis pas la fille de Napoléon !
Bernadette : - Ta remarque est déplacée.
Claude : - Bernard !
Entre Bernard avec une veste et une écharpe lui couvrant une partie du visage.
Claude éclate de rire : - Maman t’a donné ta journée pour aller au bal masqué !
Bernard : - Mademoiselle m’a demandé ?
Claude : - Une coupe, chevalier masqué ! Pour une fois que je peux boire un peu !
Bernard : - Bien mademoiselle.
Claude : - Je crois que toi tu me caches quelque chose (à sa mère : ) naturellement, je ne te demande pas quoi... j’ai retenu tes leçons sur la discrétion.
Bernard sort et revient quasi immédiatement avec une coupe. Il sert Claude.

Bernard (à Bernadette) : - Je peux disposer ou dois-je rester pour assurer le service ?
Bernadette : - Nous saurons nous débrouiller sans vous. Allez où le devoir vous appelle.
Bernard sort.

Bernadette : - Ma fille... je t’ai déjà dit de ne pas tutoyer les employés.
Claude : - Il me prenait sur ses genoux quand j’avais 10 ans !
Bernadette : - J’ai cru remarquer que tu n’avais plus le même âge ! Ce n’est pas parce que tout fout le camp qu’il faut oublier notre rang... D’ailleurs ton père souhaiterait que tu sois un peu plus matinale... puisque tu vas bientôt visiter la France profonde...
Claude vide sa coupe et s’en ressert une.

Bernadette : - Ta grand-mère n’aurait jamais toléré de moi un tel comportement.
Claude : - Mais le monde a changé maman ! Plus personne ne va acheter ses chaussettes rouge en Italie !
Bernadette : - Peut-être est-ce justement dans les apparences que nous avons failli. Le peuple a besoin d’être ébloui par notre grandeur.


Rideau


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