Un permis à points, un permis de vivre, à points.
Inacceptable ! Dans un monde où « la récidive » devient ingérable, certains y pensent sans oser l’avouer. Dans un monde où chacun sait pouvoir compter sur son clone pour retrouver sa jeunesse, c’est indispensable. Car si l’être humain accumule le savoir à chaque vie, l’ignominie aussi se transmet.
Jean-Paul III, lors d’un discours reconnu « mémorable », se prononça « résolument pour la vie humaine, résolument opposé à toute dérive en sorcellerie ». Mais il avouait en privé être perturbé par le clonage: comment continuer à s’en remettre à Dieu si chaque homme peut prétendre avoir acquis l’essence divine : l’immortalité. Lors des premiers articles sur « le permis de vivre à points », ce fut l’indignation. Le clonage n’était encore qu’une science balbutiante, accessible uniquement aux grandes fortunes. La France se déchira avec cette polémique : les opposants crurent clore le chapitre en proposant un « référendum européen » ; ils avaient lu les livres d’histoire et le vote anti-européen survenu en 2005 ; ils plastronnaient : Le peuple en profitera aujourd’hui comme jadis pour dire NON à une politique imposée... Mais le clonage réellement expliqué tenta les citoyens. Et c’était un fait évident : la société devait se prémunir contre ses éléments les plus dangereux qui ne manqueraient pas d’utiliser le clonage pour s’assurer une impunité totale. Le législateur a su rester humain : toute personne entrant dans la zone critique, celle où une seule infraction peut coûter la vie, peut se placer sous tutelle. Etre humain sous tutelle correspondant à ce que nous appelions au vingtième siècle, un être lobotomisé... l’image d’un téléspectateur sous Prozac est pertinente.