Mertilou et sa maman, Merlamaman, sur la plus haute grosse branche d’un chêne, dans la forêt derrière une maison. Mertilou déploie ses ailes.
Merlamaman : - Mertilou, Mertilou, que fais-tu ? Mertilou : - Je vais chercher quelques brindilles. Ça manque d’herbe ici ! Merlamaman : - Et le chat ? Mertilou : - Quel chat ? Merlamaman : - Là-bas, sur le puits. Mertilou : - Ah ! Il a pas l’air méchant, c’est un vieux chat tout noir et blanc. Merlamaman : - Tu as déjà oublié ton frère ? Mertilou : - Qu’est-ce qu’il a fait Mertiloulou ? Merlamaman : - Pas grand frère, Mertilou, ton frère jumeau tombé du nid. Mertilou : - Raconte-moi pas des histoires qui font pleurer. Merlamaman : - Alors fais attention aux chats, Mertilou. Mertilou : - Mais il est loin, je peux aller couper un peu d’herbe. Si tu le vois bouger, hop, tu me siffles et je viens te rejoindre. Merlamaman : - Pauvre petit Mertilou, tu auras à peine le temps de le voir que tu seras déjà entre ses dents. Mertilou : - Mais tu viendras me délivrer comme dans les histoires de pépémerloupe. Merlamaman : - La vie c’est rarement des aventures qui finissent bien... pépémerloupe te raconte des légendes, du temps où un Dieu avait retiré leurs dents aux chats. Mertilou : - Pourquoi il leur a rendus ? Merlamaman : - Pourquoi il LES leur a rendus. Mertilou : - Mais réponds à ma question ! Merlamaman : - Quelle question ? Mertilou : - Oh ! Pourquoi il LES leur a rendus, leurs méchantes dents aux méchants chats ? Merlamaman : - C’est les hommes, mon mertilou adoré, qui ont rendu leurs dents aux chats. Mertilou : - Méchants hommes, méchants hommes. Merlamaman : - Tu l’as dit Mertilou... et je ne t’ai jamais raconté l’histoire de Merlajosette, ma deuxième soeur cadette. Mertilou : - Plus d’histoires tristes pour aujourd’hui. Merlamaman : - Allez viens, on va en voyage dans le pays, ici c’est bien pour se reposer mais il manque les arbres fruitiers. Mertilou : - C’est si bon que ça les cerises ? C’est pas juste une chanson que grand frère Merlartiste sifflote du matin au soir.
Mertilou chantonne :
Vive les cerises Qu’on mange à sa guise Dans mon petit ventre Viv’ment qu’elles y entrent Vive les cerises Qu’on mange à sa guise
Merlamaman : - Allez zou, en repérage. Merlamaman et Mertilou s’envolent.
En vol : Mertilou : - Au revoir méchant chat, au revoir méchants enfants... Merlamaman : - Les enfants ne sont pas tous méchants... cousine Merlasophie a bien eu de la chance quand le rétroviseur d’une vilaine voiture lui a cassé une aile... Mertilou : - Oh oui, raconte-moi encore des belles histoires... Merlamaman : - Un enfant l’a ramassée... Merlasophie a récité toutes ses prières... même celle pour être réincarnée en Humain... mais c’était un gentil enfant... Mertilou : - Tu es certaine que ça existe, un gentil enfant, ou c’est aussi une légende ? Merlamaman : - Il en existe... mais impossible de les reconnaî-tre... Merlegourou dit bien que ces humains sont des réincarnations de merles et qu’il suffit d’observer leurs vies antérieures pour s’en apercevoir... mais il est bien le seul à y réussir... Merlapapa croit même qu’il vaut mieux se méfier de Merlegourou... Mertilou : - Ils devraient avoir les cheveux verts. Merlamaman : - Je crois que tu feras un excellent poète Mertilou... comme ton arrière-arrière-grand-père... Mertilou : - Quand est-ce qu’on va le voir ? Merlamaman : - On ne peut plus le voir... même moi je l’ai peu connu... mais il nous a laissé de belles récitations que bientôt tu apprendras à l’école. Mertilou : - Si je suis déjà poète, c’est peut-être inutile que j’aille à l’école. Merlamaman : - Je t’ai appris à te repérer dans l’espace, à lire les panneaux, à siffler, il faut que tu développes ton intelligence... la fréquentation des autres merloux et des Merlinstits te sera très profitable...
Ils se posent sur un arbre... un cerisier...
Merlamaman : - Elles sont belles ces cerises, tu ne trouves pas ? Mertilou donne un coup de bec dans une cerise.
Mertilou : - Ouille ! C’est trop dur ! ça fait mal au bec ! Merlamaman : - Mertilou ! Mertilou : - Quoi Mertilou ? En plus grand frère a toujours dit que c’est rouge des cerises, elles sont toutes vertes les tiennes... c’est même pas des cerises... (Merlamaman sourit) tu m’as menti Merlama... Merlamaman : - On est en repérage, Mertigrinchon... les cerises sont d’abord vertes puis passent à l’orange et enfin au... rouge et alors deviennent tendres tendres... mais elles ne sont pas pour notre bec ces cerises.... Mertilou : - Et pourquoi ? Merlamaman : - Tu devines pourquoi ? Mertilou : - A cause des chats. Merlamaman : - Regarde là-bas... le filet vert... Mertilou : - C’est quoi ? Merlamaman : - Quand les cerises vont rougir, les méchants hommes vont mettre un grand filet sur leur arbre et nous, on ne pourra plus attraper une seule cerise. Mertilou : - Il suffit de couper leur filet. Merlamaman : - C’est bien trop difficile, mon Mertilou. Mertilou : - C’est pas juste. Merlamaman : - Ah ! On voudrait tous que le monde soit juste. Mertilou : - Il doit bien y avoir un petit trou. Je me faufilerai et j’en mettrai plein sur mon cou. Merlamaman : - Ah mon Mertilou ! Des aventuriers, j’en ai connus. Et on les retrouvais le matin complètement prisonniers du filet. Ils avaient trouvé une entrée mais un coup de vent et plus de trace de la sortie... Mertilou : - Fais moi pas peur... je te promets, je ferai jamais de grosses bêtises. Juste des petites. Merlamaman : - Allez, on y va. Mertilou : - Méchants hommes. Merlamaman : - Allez... on y va... Mertilou : - Je suis fatigué... tu me portes... Merlamaman : - Ne fais pas ton Mertibébé, je vais te montrer notre restaurant. Ils repartent.
En vol : Mertilou : - C’est encore loin ? Merlamaman : - Ne sois pas pressé, admire, admire notre pays...
Merlamaman horrifiée : - Oh mon Dieu ! Mertilou paniqué : - Merlamaman Merlamaman Merlamaman. Ça va pas Merlamaman ?... Merlamaman horrifiée répète : - Oh mon Dieu ! Mertilou paniqué : - Tu as vu un chat volant ? Merlamaman : - Regarde ces arbres coupés... Mertilou : - Pourquoi ça te met dans cet état, j’en ai déjà vus des arbres coupés. Merlamaman : - Mais c’est nos cerisiers mon Mertilou. Ils se posent sur une souche. Merlamaman est accablée.
Mertilou : - Pourquoi ils ont fait ça ? Merlamaman difficilement : - On m’a parlé de ces hommes qui touchent beaucoup d’argent pour couper leurs cerisiers, et ensuite ils en retouchent pour planter des pommiers. Mertilou : - Bin on mangera des pommes, alors... Merlamaman : - Mais les pommes sont trop grosses pour nous. Mertilou : - Ils font tout ça pour nous embêter ! Méchants hommes ! Merlamaman : - Oh ! Ils ont leurs propres problèmes les hommes... mais nous... Mertilou : - C’est pas grave Merlamaman, on en trouvera un autre de restaurant. Merlamaman redresse la tête : - Arrière-merlamémé m’a bien parlé d’une réserve... c’est un secret... un secret qu’on se transmet dans la famille, en jurant de n’en parler à personne... ton Merlapapa y est allé une fois... allez, on y va... c’est pas très loin mais il y a toujours du vent quand on traverse la vallée, alors mets-toi bien dans mon sillon, Mertilou. Mertilou : - Je suis fatigué... on ira demain... Merlamaman : - Il faut que je sache aujourd’hui... que je sache si on peut compter sur les arbres secrets... sinon... Mertilou inquiet : - Sinon quoi ? Merlamaman ? Merlamaman : - Ah mon Mertilou !... ne t’inquiète pas, ton Merloupa et ta Merlamam feront tout pour qu’il ne te manque rien... Mertilou : - C’est grave Merlamaman ? Merlamaman : - Allez ... on y va... inutile de s’inquiéter avant l’heure... (se redressant vraiment et fixant son Mertilou) je suis ceraine que là-bas, il y aura les plus belles des cerises qu’on n’ait jamais vu de mémoire de merles... Allez Mertilou, on y va...
Ils s’envolent.
Quand Merlamaman et Mertilou aperçoivent les trois vieux cerisiers, ils sont remplis de Merles.
Merlamaman : - Mais c’est les voisins ! Mais tout le monde est là ! Mertilou : - Je croyais que personne ne connaissait...
Ils se posent près d’un ami.
Merlamaman : - Mais comment connais-tu cet endroit, toi ? Le voisin : - Ah ! Tu croyais aussi être la seule à le connaître ! Mertilou : - C’était un secret d’Arrière-merlamémé. Le voisin : - Il faut croire que toutes les familles se transmettent le même secret.